Rapport du cabinet Sextant. Un constat accablant

Section de l’UES Aviva France                                                                                  jeudi 18 mars 2010

 

Rapport du cabinet Sextant à l’initiative du CHSCT d’Aviva France

UN CONSTAT ACCABLANT !

Le rapport Sextant a été demandé à l’initiative des élus du CHSCT d’Aviva France pour étudier les conséquences sur la santé et les conditions de travail des salariés, de nouveaux outils, instaurés à l’initiative d’Aviva Europe, dans les entretiens d’évaluation.

 

Quels sont ces outils ?

 

un jeu de cartes présenté par la DRH comme « facilitateur de dialogue » mais dont l’utilisation n’a pas toujours été bien comprise par les hiérarchies, et dont la transparence est douteuse.

Une matrice de gestion des talents qui a suscité la réprobation générale car elle préfigure d’un classement des salariés selon leur «utilité» dans la future organisation européenne.

 

Lors du CHSCT extraordinaire d’avril 2009, les élus ont décidé de recourir à un expert sur ce sujet. Malgré la pression de la direction, assortie de menaces, les élus ont défini le 7 mai, avec le cabinet Sextant, déjà contacté préalablement, le périmètre de cette expertise et l’ont fait acter en séance au travers d’une résolution. Ce n’est que le 23 juillet que la DRH a reconnu au CHSCT le mandat de Sextant. Entre temps, pression aura été menée pour que les entretiens de déroulent coûte que coûte avec les nouveaux outils.

Ainsi La Direction aura fait traîner la procédure pendant 6 mois en inventant des erreurs de procédure, en menaçant les élus, en passant en force au CE du 30 juillet, etc. Les vacances d’été, puis le remplacement de Philippe Achalme, par Myriam Saunier, épaulée de Sylvie Chartier, ont retardé le travail de Sextant.

 

La synthèse de ce rapport est hallucinante et fait état d’une entreprise au bord de l’implosion psychique. Le mal être se lit à chaque ligne.

Tout d’abord la nature des outilsmis en cause corrobore la situation de la peur latente d’une réduction massive et brutale des effectifs, jusqu’ici non confirmée par la direction.

Les salariés n’ont plus confiance dans la communication d’entreprise qui les endort pour mieux leur mentir.

Personne ne fait plus confiance au médecin du travail (salariée de l’entreprise) qui est cataloguée comme antenne de la direction et qui cache aux élus le fort pourcentage de consommation d’antidépresseurs. Le déni de ces problèmes en est le révélateur.

Les méthodes anglo-saxonnes de management déplaisent et sont assimilés à des méthodes sectaires.

Plutôt que de former les managersà la conduite d’équipe, on préfère leur donner des directives qu’ils ne comprennent pas toujours ou qu’ils appliquent mal, faute d’informations claires.

Il y a un ressenti négatif chez les plus de 50 ans qui subissent souvent un ralentissement, voire un arrêt de leur évolution professionnelle, non démentis par l’accord Séniors, signé par la CGC, la CFDT et la CFTC et dont l’application est retardée.

Les craintes des salariéssont méprisées ou assimilées par la direction à de la paranoïa.

La « reconnaissance » est souvent subjective (absence de critères quantitatifs, aucun critère « qualitatif »…)

 

Le cabinet Sextant a dans ses conclusions, établi une liste de préconisations passant par la remise en cause de plusieurs pratiques génératrices de souffrance et de démotivation.

C’est pourquoi, après la présentation de ce rapport en séance du CHSCT, les élus et représentants syndicaux ont mis en demeure la direction d’Aviva France d’établir un plan d’action dans un délai d’un mois afin de retourner à des méthodes d’évaluation plus transparentes et moins génératrices de stress ou autres risques psychosociaux.

 

Pour notre part nous ne sommes pas surpris des conclusions de cette étude !

 

Il n’est que résultat prévisible de la politique d’industrialisation des métiers de l’assurance, engagée depuis plus de dix ans. Cette volonté, présentée comme incontournable, n’a qu’un seul objectif : la recherche sans fin de nouveaux gains de productivité afin de réduire le coût du travail.

Les nouvelles formes d’organisation du travail telles que : la standardisation des tâches, la mise en place des plates formes téléphoniques avec la perte d’autonomie et la déresponsabilisation des salariés qu’elles impliquent, auxquelles viennent s’ajouter l’instauration de primes de performance : ces politiques ne peuvent conduire qu’à l’accablant constat de l’expertise Sextant.

Il ne fallait pas être grand prophète pour présager des effets de tels choix. Et pourtant certaines organisations se réclamant de la défense des intérêts des salariés ont soutenu voire contribué à leur application.

 

En dernière analyse FO considère que seule la satisfaction des revendications collectives pourra éviter aux salariés le stress favorisé par l’accentuation de la course infinie au rendement et la dégradation des conditions de travail ou de transports :
Sur l’emploi :
garantie du maintien des sites et des activités, garantie de tous les emplois, recrutements en CDI, remplacements de tous les départs, arrêts des projets d’externalisation ;
Sur les conditions de travail :
journée de 7 heures avec maintien des RTT, fin des objectifs individuels associés aux primes,
non aux permanences téléphoniques imposées, non au travail du week-end ;
Sur les salaires :
retour aux augmentations collectives par une augmentation générale de 3%,
avec un minimum de 100 EUR et une prime de 1500 EUR.

Nous tenons à votre disposition la synthèse de ce rapport sur le site intranet de notre section syndicale.

 

«DIALOGUE SOCIAL» :
Mon œil !

 

Depuis le 16 Février, un article des Echos présentant la situation sociale chez AVIVA circule parmi les salariés. Il est diffusé principalement par courrier électronique. Nombre d’entre nous l’avons reçu par la voie hiérarchique. Nous nous interrogeons sur cet article : qui en est à l’origine ? (Poser la question, c’est un peu y répondre …) Et surtout, pourquoi diffuser une telle communication ?

Il nous apparait indispensable de nous exprimer sur  ce sujet.

Rappelons que le quotidien Les échos n’a pas un point de vue neutre, il s’agit d’un des journaux de référence pour le patronat et les actionnaires, il est donc important de lire cet article avec un tel éclairage.

Il est certain que le projet européen «Quantum Leap» aux « contours flous », suscite une vive inquiétude parmi les salariés d’AVIVA France. Pour nous, c’est sur cette base qu’ils se sont mobilisés en Assemblée Générale le 10 décembre dernier et que 1285 d’entres-eux ont signé une pétition sur des revendications claires, portées par les organisations syndicales dans l’unité.

D'ailleurs à ce sujet, nous tenons à préciser que la pétition a été signé par les 1285 salariés des entreprises réunies au sein de l'UES Aviva France, qui employaient fin 2009 un peu plus de 3000 salariés, y compris les 500 commerciaux d'Aviva Vie : il faut donc ramener la représentativité de cette pétition à sa juste valeur (1285 sur 3000) et non pas aux 4700 cités par Les Echos, qui compte les salariés du groupe Aviva France, dont UFF et l'Afer !

La réponse de Monsieur Menanteau à ce sujet reste des plus vagues : il prétend ne pas pouvoir s’engager sur la question de l’emploi sur le long terme. En revanche, il s’engage à expliquer le sens de la stratégie de communication d’AVIVA Europe aux organisations syndicales pour « désamorcer la tension » …

En résumé, les salariés d’AVIVA France se sont émus parce qu’ils sont inquiets pour leurs emplois, mais tout va bien : la situation est maîtrisée dans le cadre d’un dialogue entre les organisations syndicales et la direction, afin d’aller vers une « compréhension commune » des enjeux de ce projet et pour « accompagner le processus »...

Cela lève t-il les incertitudes et les revendications des salariés ?

la réponse est non !

Nous considérons qu’il s’agit pour la direction d’AVIVA France de rassurer les actionnaires, auxquels il est nécessaire de garantir un taux de retour sur investissement élevé. Cela est fait en prétendant que chez AVIVA France, le dialogue social, si cher au MEDEF et à certains hauts responsables syndicaux, fonctionne.

Le « dialogue social », tel qu’ils l’entendent, c’est l’association des organisations syndicales aux plans de la direction, elle-même soumise aux impératifs de rentabilité financières de l’actionnaire.

En effet notre conception du syndicalisme ne consiste pas à accompagner les projets de la direction, mais de porter et défendre les intérêts matériels et moraux des salariés. C’est pour cette raison que nous rappelons les termes sur lesquels les salariés d’AVIVA France se sont mobilisés en Assemblée Générale et à travers les 1285 signatures sur la pétition et sur les quels nous resterons intransigeants :

  • GARANTIE DU MAINTIEN DES ACTIVITES SUR LES SITES !
  • GARANTIE DU MAINTIEN DE TOUS LES EMPLOIS !

 

«Dialogue social» ou Monologue patronal ?

Nous vous avions alerté avec l'intersyndicale sur les tentatives de la direction de contourner les prérogatives du CHSCT et du comité d'entreprise en 2009, au moment de la décision de ces derniers d'appuyer la désignation d'une expertise sur la tenue des entretiens individuels. La direction utilise aujourd'hui ouvertement ces entretiens pour justifier les inégalités dans les augmentations des salaires ou pire, les mutations "fortement conseillées".

Or ce que démontre le rapport du cabinet Sextant remis le 23 février est que ces méthodes de contrôles individuelles sont la source de l'accentuation de ce qu'il est convenu d'appeler la "souffrance au travail", thème de négociation obligatoire. La souffrance au travail est un terme psychologisant qui a pour but de cacher la nature véritable du mal qui ronge notre économie : la surexploitation des salariés et le mépris des employeurs pour le droit à l'emploi, à la formation, à un salaire décent ou à une retraite digne.

Aussi devient-il pour nous essentiel de défendre toutes les prérogatives du CHSCT, qui a eu le courage de désigner l'expert contre vents et marées, ainsi que celles du CE, méprisées par la direction et son secrétaire en 2009 (CE du 30juillet) !

Ce dernier devra être consulté sur les volets d'application du projet Quantum : il lui faudra user de tous ses droits pour exiger de la direction les garanties sur les activités et les emplois défendues par l'intersyndicale et la pétition de décembre. Il disposera de cette possibilité en refusant toute consultation partielle ou bradée, même couverte par on ne sait quel accord de méthode entre la direction et quelque organisation syndicale complaisante, qui n'aurait pour objectif que de faire entériner a posteriori, les délocalisations ou suppressions d'emploi !

 

Augmentations salariales :
des méthodes proches du chantage.

 

Comme chaque année, les négociations annuelles obligatoires fixant entre autres les augmentations salariales ont apporté leur lot d’animosité, puis de désillusions, mais cette année, la pilule est dure à avaler.

 

Un déroulement inhabituel

 

Chaque année, lors de plusieurs réunions, la direction fait des propositions et les organisations syndicales affichent leurs revendications. En cas de désaccord, les propositions de la direction sont appliquées unilatéralement. Or, cette année, une seule série de mesures a été présentée par la direction : à prendre ou à laisser. Où est la négociation ?

Devant notre désaccord sur leurs maigres propositions, chacun aurait pu penser que comme chaque année, selon l’usage, les mesures présentées par la direction, en l’absence de signature, seraient celles qui seraient appliquées unilatéralement. Et bien NON ! La nouvelle direction mène le débat à sa guise : aucune signature = pas d’augmentation On est proche du chantage. Certes, une organisation « qui en a » a cédé devant ces menaces et a signé cette capitulation.

 

Des répartitions génératrices de conflits.

 

L’augmentation générale, fut-elle de 1% c'est-à-dire trois fois moindre que nos revendications, a un coût en terme de conditions de travail : en effet, pour la première fois, les 0,5% de l’enveloppe des augmentations, dites « au mérite » ne seront pas distribués suivant le jugement des « managers ».  Au contraire, ceux-ci ont reçu de la direction générale, et cela, en dehors de toute négociation, la recommandation de n’augmenter qu’une moitié de leur équipe, même s’ils jugent que toute l’équipe est méritante.

Ainsi leur rôle assigné de « manager » est remis en cause malgré eux et la cohésion attendue du service, (sans parler du prétendu « esprit (es-tu là ?) d’équipe »). Le collègue, devient concurrent.

Cette politique du « tout ou rien salarial » engendre stress, dépression, et par conséquent contre-productivité. Sachant que les classes 7 bénéficieraient d’un régime de faveur, une enveloppe individuelle moyenne de 11% à répartir selon les mêmes modalités. Le fossé, déjà creusé se mue en canyon.

 

Aviva, entreprise responsable ?

 

Pourtant, la communication interne d’Aviva continue à vanter les vertus dont l’entreprise se pare et des accords signés avec les partenaires sociaux. Elle se montre plus discrète quand il faut dire que ces accords sont obligatoires dans toutes les entreprises et qu’ils sont peu contraignants pour l’employeur,. Facile après cela pour ce dernier de revêtir les habits du bon samaritain !

 

En fait les seuls gestes dont Aviva soit entièrement responsable sont :

 

L’augmentation des « risques psychosociaux », due à la dégradation des conditions de travail et de transport.

La dangereuse stagnation des salaires alors que nos dirigeants engrangent chacun plusieurs millions d’euros de bonus.

Une communication d’entreprise désastreuse, au confluent du prosélytisme sectaire et de la propagande totalitaire, ce qui entraine que les salariés s’estiment mieux informés sur le groupe par la presse (cf. Les échos) que sur les publications internes.

 

Dernière minute :

 

Nous avons appris la semaine dernière qu’une salariée du site de Rouen
(Mont St Aignan, Eurofil) avait tenté de mettre fin à ses jours !

 

Une intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, FO et Unsa a immédiatement réagi et a été reçue par J-P. Menanteau le 11 mars. Elle s’exprimera auprès du personnel sur ce sujet. D’ores et déjà la direction a décidé le recrutement de salariés et la mise en place d’un plan d’action. D’autre part un CHSCT exceptionnel réuni le mardi 9 mars a décidé de désigner un expert pour examiner les conditions de travail qui auraient pu être à l’origine de cet acte désespéré.

Faudrait-il attendre des situations désespérées pour que les revendications que nous défendons sur l’emploi, les sous effectifs, les problèmes de transport ou l’individualisation des salaires soient entendues par la direction ?!

 

Syndiquez-vous !

Retrouvez la section Aviva France des syndicats cgt-FO de l’assurance
chaque mardi de 13h à 14h au local FO

 

Plus d’informations ? Connectez-vous sur l’intranet syndical :
http://cparws01/apps/general/cgtfo.nsf/Home?OpenForm

 

Tél. 01 47 85 21 02/ Syndicat_cgtFO@aviva.fr

Voir tract CGC distribué le 23 février

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